De l’Occident : Régis Debray – 2014
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Le Professeur Philippe Bouchard est né le 16 mars 1947 à Paris. Diplômé Docteur en Médecine auprès de la Faculté de Médecine Saint-Antoine, il devient Interne des Hôpitaux de Paris en 1972. Il exerce les fonctions de chef du service associé du service d’endocrinologie et de médecine à l’hôpital de Bicêtre de 1986 à 1993.
Membre de nombreuses sociétés scientifiques internationales, il est également membre de la Commission nationale d’Endocrinologie et Troubles du métabolisme. Auteur de nombreuses publications et articles, toujours animés d’un souci humaniste, il a également été ordonné Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur en 2001.
Voici quelques extraits du texte de présentation prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 14 mai 2005.
LE MYTHE HORMONAL
La science moderne est un alphabet hautain, hermétique même aux gens cultivés, qui s’en trouvent exclus malgré leur bonne volonté. Ils savent seulement qu’ils jouissent de ses bienfaits sans presque rien comprendre de ses mécanismes ni de ses abstractions.
On peut dire que pour le néophyte, la science agit comme un mystère. Mais ce mystère, contrairement à celui de la religion, toujours jalouse d’une énigme absolue, a pour vocation d’être levé. La science est un mystère qui ne refuse pas d’être dévoilé (…) Et le savant est celui qui, même dans sa faculté impénétrable de surplomber la culture de l’humanité, n’a pas pour vocation de priver le profane de ses découvertes, mais au contraire, de l’en faire bénéficier, sinon théoriquement, du moins pratiquement, par toutes les applications possibles. Le savant « ne possède pas sa connaissance pour soi-même », comme dit Fichte, il a pour tâche de faire croître ce « sentiment du vrai » qui existe chez tous les hommes, que mieux que quiconque il sait épurer et analyser.
À travers la bienveillante amitié d’un savant, nous découvrons l’essence véritable de la science, son amitié universelle pour le genre humain : la science est l’amie la plus sûre, la plus fidèle, la plus solide du genre humain.
Donc, cette distance de la science qui semblait en faire une abstraction inaccessible au commun des mortels, se penche avec une proximité inlassable sur notre mortalité, et s’avère en réalité notre gardienne la plus sûre, la protection la plus vigilante de notre souci le plus intime, le souci de notre vie.
L’intransigeance scientifique du savant est l’expression de sa plus tendre bienveillance envers le genre humain. Et ce vertige où nous plonge l’immensité de ton savoir, est ce qui rassure notre équilibre le plus profond. Ce qui nous paraît un abîme effrayant de connaissances est l’écho le plus ferme de nos propres pas sur la terre.
Lectures:
— La chimie féminine, pour ou contre les hormones (avec Alain Frydman) [Odile Jacob, Paris, 2006]