De l’Occident : Régis Debray – 2014
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Jean Baudrillard, né à Reims le 27 juillet 1929 et décédé à Paris le 6 mars 2007, était à la fois sociologue, philosophe, penseur critique, agitateur d’idées, etc.
Sa publication initiale « le système des objets » (1968) contient déjà les problématiques qu’il développera dans ses nombreux écrits ultérieurs : volonté de dépasser le marxisme, critique de la pseudo objectivité du libéralisme, avènement des simulacres en tant que réalisation de la réalité, terrorisme de l’information, etc.
Sa pensée multiforme, ludique et atypique lui valut de nombreuses critiques de la part des apprentis académiciens et un accueil chaleureux aux États-Unis.
Il fut aussi un talentueux photographe et exposa ses œuvres en de multiples occasions à travers le monde.
Voici quelques extraits du texte introductif prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 3 mai 2003.
Cher Jean Baudrillard,
C’est vous l’événement.
Vous régnez au-dessus de ce que vous appelez « le vertige consommé de la catastrophe » (La Société de consommation), probablement (à mes yeux) le plus grand livre de la seconde moitié du XX° siècle, où vous disiez déjà en 1970 que la consommation, dans les images qu’elle produit, charrie la « tentation d’un attentat superbe, d’un prodigieux événement de violence ; l’attentat aura lieu, l’image en est précursion et jouissance anticipée ».
(…) Mais, si la mondialité est la faillite de la modernité dans son rapport à la tradition, la tradition aussi a failli dans son rapport à la modernité. La modernité n’a pas su concilier son génie du mondial avec le temps de la conscience. Et aucune tradition culturelle n’a pu transformer sa présence au monde en un travail sur le monde. La modernité doit rendre des comptes à la tradition, mais la tradition aussi, doit rendre des comptes à la modernité, quand elle devient le spectre fantomal d’un moi défunt. Toute critique du progrès, de mon point de vue, devra aussi être une critique de la mémoire.
C’est pourquoi, j’ajouterai ceci : le fait de convoquer la modernité, la pointe avancée de la pensée moderne dans un lieu chargé de forte connotation ancienne, ancestrale, habité par des figures fantomales du passé, c’est-à-dire un lieu qui est d’un autre temps, presque hors du temps et qui aurait pu donner lieu à la tentation du passéisme, de la nostalgie, de l’obsession des origines que hélas on voit se développer partout — la vanité de ses origines, ce que j’appelle l’aristocratisme de la populace — la culture n’est pas seulement le lieu d’où l’on vient, mais celui où l’on va, elle n’est pas seulement origine, mais destination, pas seulement provenance, mais horizon ; elle est ce trajet, le voyage entre une origine et un horizon, entre une provenance et une destination.
Lectures :
L’œuvre de Jean Baudrillard est riche de plus d’une douzaine d’essais et d’une foultitude d’articles publiés à travers la presse française et internationale. Pour une première approche de son travail critique, l’on pourra se pencher avec intérêt sur :