De l’Occident : Régis Debray – 2014
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Bernard Pingaud, né en 1929, est un romancier et essayiste français. Il publie son premier roman “Mon beau navire” l’année de son entrée à l’École Normale supérieure (1943). En 1960, il fait partie des signataires du « manifeste des 121 » qui demandait l’arrêt des combats ayant lieu en Afrique du Nord. Secrétaire des débats à l’Assemblée nationale jusqu’en 1974 puis attaché culturel auprès de l’ambassade de France au Caire, il fut aussi le président de la Maison des écrivains et de la littérature de 1990 à 1993. Il a été l’un des principaux membres du comité de rédaction de la revue l’Arc et a régulièrement collaboré à la revue Les Temps modernes.
Voici quelques extraits du texte de présentation prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 12 octobre 2003.
Visconti disait que quand on s’occupait des hommes, on ne pouvait pas s’occuper des œuvres. Eh bien vous, Bernard Pingaud, vous avez fait les deux, vous ne vous êtes pas contenté du métier d’écrire, c’est bien ça le problème, vous vous êtes occupé des hommes aussi (…) Vous avez fait une œuvre qui s’est nourrie d’un dilemme insoluble entre la nécessité de vivre et l’impossibilité d’écrire, ou l’inverse, la nécessité d’écrire et l’impossibilité de vivre, et cette hantise est devenue, et la matière de votre vie, et celle de vos livres, sans qu’on puisse vraiment distinguer si la balance penche davantage d’un côté que de l’autre.
(…) Je pense qu’il y a dans ces deux figures emblématiques de la littérature, Mme de Lafayette et Kafka, les deux extrêmes du paradoxe, vivre, écrire, avec toutes les prépositions qu’on veut, vivre et écrire, vivre ou écrire, vivre sans écrire, écrire sans vivre, vivre pour écrire, écrire pour vivre, etc. paradoxe dont vous n’avez cessé d’explorer l’énigme.
Comment deux créatures si opposées ont-elles produit, chacune à leur manière des œuvres emblématiques de leur siècle, le classicisme pour l’une, la modernité pour l’autre ? Tous deux pourtant, chacun à sa manière, par un cheminement exactement opposé, l’une immergée dans les passions du monde et l’autre y renonçant délibérément, tous deux ont produit des œuvres emblématiques, l’une la perfection de l’œuvre d’un classicisme exemplaire, c’est-à-dire l’œuvre parfaitement achevée, et l’autre la perfection d’une modernité exemplaire, l’imperfection de l’œuvre toujours inachevée.
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